Yves Zurstrassen, Jouer la peinture

Publié le 10 Novembre 2023

Le peintre Belge est mis à l’honneur au Musée Picasso d’Antibes jusqu’au 7 janvier 2024. Formé au design, Yves Zurstrassen se définit malgré tout, comme un peintre autodidacte. Alors à la croisée des chemins il évoque deux chocs visuels pour définir son travail : la ligne de Jackson Pollock et la couleur de Wilhem de Kooning. Dès lors, à 23 ans, il décide de peindre l’abstraction.

Il fait le choix de répéter le motif et de fonctionner par séries : il colle des motifs découpés dans des feuilles épaisses, travaille par pochoirs qu’il créé lui-même, il pose des éléments, recule, revient pour décoller ou non ce qu’il vient de faire. Grâce à son atelier de Bruxelles, spacieux, avec une coursive à l’étage, lui permettant de voir ce qu’il peint, est baigné, grâce à une verrière, par la lumière laiteuse du Nord. Même s’il contrôle ce qu’il peint, sa gestuelle est libre, et liée à la musique, souvent du jazz ou la musique répétitive de Steve Reich, qu’il écoute lorsqu’il travaille.

Ce mélange se retrouve par exemple, dans la toile dite 13.03.12, qui mêle le travail au pochoir (il sait où il va) à un travail du geste laissé libre. Et de loin, sous le travail au pochoir, l’on distingue des visages, notamment celui de Pablo Picasso.

Travailleur rigoureux, il est à son atelier de 7h à 19h. Il cherche surtout l’intemporalité, il peut créer une œuvre, la laisser murir, y revenir, ou la détruire. Afin de laisser la lecture pleine et entière au spectateur, il ne signe pas sur la page. A noter une utilisation subtile de la couleur, permettant ainsi de mieux appréhender les séries de bleu, de rouge, de jaune et d’orange, ces derniers notamment attrapent le regard, créent de la profondeur malgré les aplats. Ce chaos organisé est une ballade esthétique dans un univers abstrait maîtrisé.

 

Rédigé par Bénédicte LECAT

Publié dans #Expositions

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