I AM Magazine N° 3

Publié le 3 Avril 2023

Audrey Traini au pays des merveilles

Mais attention, ces histoires ont été édulcorées. En effet, après plusieurs années de recherches, Audrey a pu constater que ces contes étaient destinés aux adultes, parce que violents et érotiques. Ils étaient racontés aux rois, reines et leurs cours afin de les distraire, et n’avaient aucune morale à retenir. Chaque peinture présente pour l’essentiel d’entre-elle, des instants importants de l’histoire évoquée : la femme de Barbe bleue, trousseau de clé en main, faisant fi des recommandations de son époux et s’apprêtant à découvrir le secret qu’il cache derrière une porte verrouillée. Il n’y a jamais de violence physique ni de trace ensanglantée, juste un soupçon d’érotisme à travers une poitrine dénudée pour tous les personnages féminins.

Audrey pousse la précision dans les moindres détails et tout y passe : architecture, décor, coiffure, bijou. Ces études approfondies des livres, nombreux et différents dans leur narrateur et pays d’origine, lui permettent de mieux appréhender ces personnages. Celui qui me paraît le plus fouillé, le plus détaillé, est le Chapelier fou. Ce personnage, issu d’Alice au pays des merveilles, a pour modèle le journaliste Jeff Mahoney : mêmes chevelure hirsute et sourcils broussailleux se retrouvent dans le portrait de la série intitulée “Alice“. Quatre tableaux composent cette série : la Reine rouge, le Thé de 5h, Alice et le Chapelier fou. Ce dernier porte une chemise à jabot, une redingote et un chapeau haut de forme faisant de lui un homme d’une rare élégance.  Si l’on prend le temps d’examiner cette peinture, on constate que des épingles à chapeau se terminant par des boutons de différentes formes, couleurs et modèles, et des cartes de jeu sont plantées dans le haut de forme. Il a également une montre à gousset rappelant le lapin blanc et la théière de la « cérémonie » du thé à laquelle participe Alice. Le tout est peint sur un fond bleu nuit duquel se détachent des éléments rappelant le conte, et notamment la Reine rouge évoquée par des feuilles rouges en forme de cœur. Son pendant féminin, Alice, présentée sur le même fond bleu et noir, tient également une tasse pour le thé, sa chevelure est parsemée de petits pétales rouge en forme de cœur.

Indeed, after several years of research, Audrey found that these stories were intended for adults, because they are violent and erotic. They were told to kings, queens and their courts in order to entertain them, and had morals to be remembered. Each painting presents, for the most part, important moments of the story evoked: Bluebeard's wife, key-chain in hand, ignoring her husband's recommendations and getting ready to discover the secret he hides behind a locked door. There is never any physical violence or bloody traces, just a hint of eroticism through a bare chest for all the female characters.

Audrey pushes precision down to the smallest detail and everything goes through it: architecture, decor, hairstyle, jewellery. These in-depth studies of the books, which are numerous and different in their narrator and country of origin, allow her to better understand these characters. The one that seems to me to be the most thorough, the most detailed, is the Mad Hatter. This character, from Alice in Wonderland, is modelled on the journalist Jeff Mahoney: the same shaggy hair and bushy eyebrows can be found in the portrait of the series entitled "Alice". Four paintings make up this series: The Red Queen, The Tea Party, Alice and the Mad Hatter. The latter wears a frilled shirt, a frock coat and a top hat making him a gentleman of rare elegance. If one takes the time to examine this painting, one can see that hat pins ending in beads of different shapes, colours and patterns, and hat size cards are planted in the top hat. He also wears a pocket watch reminiscent of the white rabbit and the teapot from the tea "ceremony" in which Alice participates, his tea pot pours into her cup when placed side by by. The whole thing is painted on a midnight blue background from which elements reminiscent of the tale stand out, notably the red Queen evoked by red heart-shaped leaves. Her feminine counterpart, Alice, presented on the same blue and black background, also holds a tea cup, her hair is strewn with small red roses and tiny petals.

Publié dans #I AM Magazine

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