I AM Magazine N° 6
Publié le 6 Avril 2023
Doris Bouffard, Je sculpte donc je suis
Ses pierres de prédilection sont le marbre, le calcaire de Montréal, et l’albâtre. Comme plusieurs membres de l’atelier SKULPT 303 créé par Jacques Corbeil et Suzanne Cloutier, Doris se fournit à Montréal, aux Etats Unis et en Italie. Elle trouve dans la taille et dans la pierre, plus de satisfactions : “la pierre est une matière vivante“. Ce travail à la main permet un contact plus intime avec la matière. Et Doris d’expliquer que chaque pierre ne se sculpte pas de la même façon. Ce sont elles qui imposent leur rythme, leurs âmes sont différentes et transmettent une énergie distincte selon leur dureté.
Le plus souvent, Doris choisit une pierre brute, qui, déjà par sa forme, est une source d’inspiration. Ensuite, quelques lignes sont dessinées et s’impose alors le sujet. Parfois la découverte d’une veine, d’une fissure, voir d’un fossile lui permet de trouver un équilibre entre surfaces polies et surfaces brutes. Elle écoute la matière lui parler, et s’instaure alors un dialogue méditatif entre la pierre et elle. Les mêmes gestes se répètent, encore et encore, afin de faire naître la sculpture, puis tout s’arrête, l’œuvre apparaît. Plus besoin de continuer, le visage ou le corps est né. Aujourd’hui, afin d’ajouter une mouvement complémentaire, de permettre à l’œuvre d’exister autrement, dans une autre dimension, Doris ajoute des éléments métalliques.
Most often, Doris chooses a rough stone, which, already by its shape, is a source of inspiration. Then, a few lines are drawn, and the subject is imposed. Sometimes the discovery of a vein, a crack, or even a fossil allows her to find a balance between polished and rough surfaces. She listens to the material speak to her, and a meditative dialogue between the stone and herself is established. The same gestures are repeated, again and again, to give birth to the sculpture, then everything stops, the work appears. No need to continue, the face or the body is born. Today, to add a complementary movement, to allow the work to exist differently, in another dimension, Doris adds metallic elements.
During her participation in the independent art fair (Art capital 2020), Doris brought a bronze piece called Tenderness: a perfectly smooth portrait of a child with a somewhat wrinkled hand resting on it. The audience hovered around this piece, intrigued by this double aspect finished/not finished, as the children said. This intriguing double face created a dialogue between the artist and the audience. Doris' goal was to get the viewer to look beyond the work, to read between the lines, to discover something more than just the fine lines or wrinkles of a hand. This broken aspect is intricately linked to human life: here, like a mother's hand resting lovingly on her child's face, the wrinkles mark the stigma of a life. From then on, these scars will be interpreted differently by one or the other.